C’est devenu un sujet incontournable pour les avocats : le recours à l’IA. Petits ou grands cabinets, avocats en exercice individuel, toute la profession y est confrontée. Si les pratiques peuvent varier, les questions suscitées sont nombreuses, dont celle de l’avenir du métier.

Sur le site www.actu-juridique.fr, Delphine BAUER, journaliste, fait le point sur la question.

Morceaux choisis et reformulés par nos soins

Ce que l'IA peut apporter aux avocats

Selon l'article, si tant est que l’avocat maîtrise les ressources, l’IA est une « source de connaissances intarissable qui permet de gagner beaucoup de temps ». Elle cite une avocate en droit des affaires ayant de plus en plus recours à l'IA : pour des recherches de notions juridiques (ChatGPT) ou d’un article qui fonde tel principe, pour l’aider à la rédaction de clauses, des traductions mais aussi pour des présentations, estimant que « Powerpoint est aujourd’hui un peu dépassé, tandis que des logiciels comme Pitch permettent d’en faire de très belles ».

L'IA est aussi un outil d’amélioration du « knowledge management », c’est-à-dire apprendre à utiliser l’existant. "Souvent dans un cabinet, les avocats refont les mêmes consultations. L’IA va aider, grâce à des outils internes, à rédiger des conclusions sur la base de toute leur donnée interne, généralement assez mal classée et valorisée, alors ce qui fait la valeur immatérielle d’un cabinet c’est précisément tout son historique de travail".

La problématique des moyens

Dans ce contexte, une rupture interne de plus en plus marquée entre les avocats qui ont les moyens d’avoir des IA robustes et les autres est possible », car, pour certaines grosses directions juridiques, cela peut, par exemple, représenter plusieurs millions d’euros par an.

Des questions éthiques

Au-delà des questions financières, le recours à l’IA pose aussi des questions éthiques. Il arrive qu’elle « hallucine » (fausses informations, biais dans le traitement des données, etc.). Dernièrement, le cabinet américain Morgan & Morgan a d’ailleurs mis en garde ses avocats contre ces dangers, les menaçant de pénalité en cas d’utilisation d’informations générées par l’IA non vérifiées. Le risque est « d’inclure dans des conclusions adressées à la partie adverse des jurisprudences qui n’existent pas.

« Sur l’échiquier mondial, ceux qui ont développé l’IA sont majoritairement anglo-saxons et l’ont paramétrée selon la common law. Mais notre droit découle lui de la civil law. Derrière, ce n’est pas du tout le même mode de fonctionnement. Donc si tous les moteurs d’IA restent anglo-saxons, est-ce que la civil law va survivre ? »

Une réflexion sur le métier d'avocat

Des questions éthiques, certes, mais aussi pratiques. « L’IA va engendrer une vraie réflexion sur ce qui fait la valeur du métier d’avocat : un certain nombre d’activités n’y rentreront pas, notamment toute l’activité de rédaction/production d’actes. Demain, les avocats se poseront davantage la question de ce qu’ils continuent à faire ou non, ce qui a de la valeur pour eux et leurs clients ».

Enfin, aux avocats de demain, le sujet de l’IA apparaît comme extrêmement actuel. « Aujourd’hui, beaucoup de cabinets sont structurés en vertical, avec en bas le stagiaire et tout en haut, l’associé capitalistique . Les recherches sont souvent confiées à des bataillons de stagiaires, d’alternants ou de collaborateurs, biberonnés à l’IA. À ces confrères en herbe, il faudra une solide formation à l’IA et à l’esprit critique pour ne pas tout régurgiter tel quel ».

« On demande aux jeunes juristes d’être de bons juristes, d’avoir de la rigueur et en même temps que l’IA s’ancre dans leurs pratiques. C’est presque une injonction contradictoire : il faut une vraie réflexion sur comment concilier expertise et l’expérience et utilisation de l’IA ».

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